Les usages politiques du football

Qui n’a jamais eu l’impression que le monde des hommes politiques était maintenant devenu comme une suite de matchs, avec ses finales, son championnat, ses supporters (lors des campagnes) relevant du même traitement médiatique que le football ? Qui ne voit pas que le football n’est pas seulement un sport mais qu’il est aussi surinvesti d’enjeux politiques et de pouvoir ? Le président n’est-il pas un pdg, l’entraîneur celui qui « fait tourner la boîte » et les joueurs des marchandises du mercato ? La structure de pouvoir du football ne serait-elle pas faite pour renvoyer et renforcer celle des entreprises et les « peuples » du football faits pour insuffler de l’unité aux nationalismes qui s’essoufflent ? Cependant ce sport n’aurait-il pas aussi la capacité par ses enchaînements de gestes, ses stratégies, ses héros, sa plèbe, son événementialité, de donner à vivre et penser quelque chose de la politique ? Si le football est traversé par la politique n’est-ce pas aussi parce qu’il y a en lui quelque chose qu’il partage avec la politique ? En cet été de post-coupe-du-monde il sera donc d’actualité de se poser à chaud ces questions et celles qui viendront, à n’en pas manquer, de ce qui s’est passé au Brésil.